Exo, méso, ésotérique..?

Saphir Azure

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J’aimerais parler de trois termes, avec une lecture que je trouve pragmatique et intéressante pour situer un niveau de travail.

Il s'agit d'une représentation qui découpe en trois phases de progression dans un art :

L'exotérisme, enseignement transmissible au grand nombre qui concerne l'étude de la forme, de la technique, du savoir. Lorsqu'une personne, dans une pratique donnée, estime avoir identifié le geste correct, elle le répète jusqu’à ce qu’il devienne quasi automatique et sans effort. Cela peut être des pas de danses, une recette de cuisine ou tout autre savoir faire.

Une fois que la technique est acquise et facilement délivrable, l’étudiant qui désire poursuivre sa progression pourrait remarquer un plateau qui n’est plus physique : le geste est bon selon le modèle, malgré tout sur le terrain, certaines émotions déclenchent des réflexes qui altèrent ce geste et/ou qui empêchent sa bonne utilisation, son bon timing ou autre élément décisif dans l'action. Ce plateau d'évolution peut également résulter d'une absence de contact avec ses propres émotions et motivations, tel un voile d'anesthésie par exemple.

Je trouve que dans le film Black Swan, Nathalie Portman joue bien cette danseuse qui ne comprend pas pourquoi elle ne touche pas son public alors qu’elle travaille tant sa technique. Si la référence vous parle, vous commencez peut-être à deviner la suite.

Un second exemple. Un praticien d’art martiaux qui maîtrise très bien ces techniques pourrait se retrouver frustré à perdre plusieurs combats contre une personnes moins entrainée mais qui sait lire ses intentions et agir en fonction. D'autre part, une réduction de la vigilance une fraction de seconde peut coûter chère dans ce contexte, étant donné que l'adversaire peut profiter de cet instant pour se frayer un chemin. Cette micro absence peut aussi être recherchée par de l’intimidation, des actes audacieux, ruses, sortie soudain du cadre implicite, etc.

Pour qui remarque ces limites et désirent progresser, il est fort probable que le travail mésotérique devienne nécessaire.

Une approche mésotérique inclut des prises de conscience psychologiques, des biais cognitifs, des peurs et des motivations profondes, des libérations émotionnelles. Dit autrement, l’art de s’écouter corporellement et affectivement, abandonner volontairement certaines croyances, accueillir ce qui était verrouillé à l’intérieur.

Connais toi toi-même, et accepte le maître.

En effet, ce processus peut se déployer en parti seul. Cependant, être avec une personne qui est déjà avancée dans le mésotérique avec une bonne capacité d’empathie semble essentiel. Ce compagnon peut être un thérapeute, un enseignant, un proche talentueux et persévérant...

Yeux dans les yeux, cet Autre couvre des angles morts, des tâches aveugles, et aimer ne serait-ce qu’un petit peu là où la personne est actuellement incapable de s’aimer et de se sentir touchée par elle-même : reconnaître, accueillir, offrir de l'espace d'exister.

Je vois le mésotérique comme une démarche de déshypnose, de dépouillement des stratégies inconscientes de survie, de sortie de la matrice, ou encore le processus d’individuation de Carl Young.

Enfin après affermissement et stabilisation du soi, éventuellement arrive (très schématiquement) un ésotérisme : une simplicité nouvelle, une conscience d'unité avec le monde en s'y incluant soi-même, des perceptions directes, la reconnaissance d’une relation intime avec la Présence, des super pouvoirs difficile à vérifier scientifiquement, une posture intégrant la dualité et le "Tout est Un",

avec un centrage au moment présent et les pieds sur Terre, et... un geste "habité". Comme j'aime dire la même chose de différente façon, l'ésotérisme après avoir bien vécu le mésotérique est une résultante d'une paix vivante ancrée dans le cœur, permettant un confort dans l’inconfort de la vulnérabilité d’être.

Tout ceci est une représentation linéaire et basique. Dans la vie, des allers retours entre ces trois descriptions sont fréquents, surtout pour les personnes qui se donne à vivre en conscience et à se connaître.

L'ésotérisme n'est un objectif que si vous le décidez. Dans tel cas, je lance l'invitation de faire un rapide tour dans le méso afin de (re)toucher ce qui vous motive, vos émotions et vos besoins.

Je ne sous-tends pas que de se fixer cet objectif soit forcément un souci, puisque expérimenter n'est pas tant optionnel ici-bas. Généralement, vouloir éprouver l'ésotérisme nous en éloigne, et la situation peut parfois changer en une fraction de seconde selon la posture et la présence.

D'expérience, je constate qu'il est fréquent que suite à des traumatismes une personne installe une compensation dans l'ésotérisme (en fuyant et/ou vivant son intensité d'exister dans le subtil), et même adulte cette personne ne s’attarde pas profondément dans le mésotérique. Ce dernier peut être confrontant et piquant, mais aussi beau et touchant. Il permet de découvrir ses faces cachées, de se découvrir nu.e, de prendre soin du/de la petite avec du parent intérieur non sacrificiel (sain), de libérer ses forces, de permettre une assise, de s'aimer en conscience. C'est notamment ce qui va permettre en quelque sorte de passer du contrôle à la maitrise : rassemblé et disponible, être au bon endroit au bon moment.

Pour les personnes qui ont marre de travailler sur elle et qui trouvent ce verbe lourd. Vous pouvez convertir en : conscientiser, accueillir, laisser circuler, vivre ses vides de soi, jouer à libérer, réaliser, être.

Pour terminer, je tiens à préciser que cet article ne veut pas scrupuleusement fidèle aux Traditions, n'ayant pas ni les moyens ni l'élan. Je me suis essayé à écrire cette ébauche pour offrir des repères.

Les stages et ateliers encouragent et donnent de la matière pour le mésotérique avec un minimum d'exotérique.

Les séances individuelles passent par un ésotérisme qui facilite le travail mésotérique, lorsque la relation client-praticien est harmonieuse.

Merci de votre attention.